Coronavirus : conseils alimentaires et défenses immunitaires

L’épidémie de coronavirus s’étend de plus en plus. Gestes barrières et confinement doivent permettre de réduire la vitesse de propagation de l’épidémie. Alimentation, gestion du stress, … peut-on faire d’autres choses pour se protéger ?

Le coronavirus peut toucher tout le monde. Certaines personnes sont malades, d’autres ne le sont pas mais elles sont porteuses du virus. L’état de l’organisme et du système immunitaire joue un grand rôle dans notre capacité à neutraliser le virus.

Peut-on se protéger du virus grâce à l’alimentation ?

L’alimentation permet notre corps de se maintenir en bonne santé et l’aide à lutter contre les infections. L’un des symptômes majeurs liés à l’infection au coronavirus est l’atteinte de la voie pulmonaire. Quelques règles alimentaires peuvent changer la capacité de votre corps pour faire face à une infection.

Eviter les produits industriels

Ils sont tout prêts. Ils sont faciles à préparer. Ils se conservent facilement. Mais ils présentent un inconvénient de taille : ils engendrent de l’inflammation. Et s’il y a bien un moment où notre corps n’a pas besoin d’être agressé par des aliments, c’est bien dans une situation comme celle que nous vivons actuellement.

Des études scientifiques ont montré que les crises d’asthme et l’inflammation broncho-pulmonaire sont en augmentation avec la consommation de produits industriels. A l’inverse, la consommation d’aliments bruts et particulièrement les fruits, les légumes et les fruits à coque (noix, noisettes, amandes, etc.) aident l’organisme à lutter contre l’inflammation.

Favoriser une bonne digestion

J’ai déjà abordé ce point dans d’autres articles et vidéos, mais il est tellement important qu’il est nécessaire de le rappeler. La digestion conditionne trois choses essentielles :

  • L’énergie
  • L’état de l’intestin
  • L’état du système immunitaire

1. L’énergie

La bonne digestion d’un repas demande moins d’énergie que la gestion d’un repas mal digéré. Notre corps ne possède un capital énergétique illimité. L’énergie affectée à la digestion et aux conséquences d’une mauvaise digestion n’est plus disponible pour d’autres fonctions. Ainsi, des repas plus faciles à digérer permettent à l’organisme d’avoir plus de forces à disposition pour gérer les choses urgentes comme par exemple gérer une situation infectieuse.

2. L’état de l’intestin

Vous le savez, l’intestin est au cœur de notre santé. Quand l’intestin est fragilisé et qu’il devient perméable, des substances peuvent passer facilement la barrière intestinale. C’est l’intestin qui fuit, leaky gut en anglais. Dans une telle situation, il se produit un état de surmenage des organes excréteurs majeurs (foie, reins, poumons) si la digestion n’est pas satisfaisante ou que des aliments mal tolérés sont consommés régulièrement. Cette situation augmente le risque de développement infectieux sur ces organes. C’est important car le coronavirus peut affecter les poumons mais aussi les reins.

3. L’état du système immunitaire

Le système immunitaire est indispensable pour se défendre. Mais quand les forces de ce système de défense sont excessivement mobilisées au niveau intestinal, elles sont moins disponibles pour agir en même temps sur d’autres fronts. La réduction des surcharges digestives soulagent le système immunitaire et lui permet d’être plus efficace dans les situations infectieuses.

Comment favoriser une bonne digestion ? Pour mieux digérer et pour éviter l’encombrement du système digestif, il convient d’adapter son alimentation à ses capacités digestives. Ce n’est pas toujours évident à faire car cela demande de s’observer et d’écouter les information que le corps nous envoie.

Il existe une règle simple : moins vous faites de mélanges alimentaires sur un repas, plus votre corps digère facilement. Pour soulager votre système digestif, vous pouvez déjà commencer par simplifier votre alimentation.

Les combinaisons alimentaires favorables pour une bonne digestion nous disent qu’ils est préférable de consommer les fruits seuls, à distance des autres aliments, et d’éviter le mélange protéines – féculents sur le repas. Par exemple, il est bien plus facile de digérer du poisson et des haricots verts que du poisson avec du riz ou des pomme de terre (si vous les tolérez correctement) avec une salade et des carottes qu’un steak frites.

Limiter la production de mucus

Le coronavirus peut provoquer des troubles respiratoires majeurs qui peuvent engendrer une insuffisance respiratoire sévère. Une production importante de mucus engendrée par l’alimentation peut provoquer de l’inflammation et encombrer la région broncho-pulmonaire. Une telle situation augmente le risque de surcharge des poumons et de complications dans les cas d’infection.

Une alimentation riche en féculents augmente la production de mucus. Les féculents regroupent les céréales (riz, pâtes, pain et divers produits à base de farine, blé, semoule…) et graines apparentés non céréalières (quinoa, sarrasin), les légumes secs (lentilles, pois cassés, pois chiches, haricots secs) et les fruits et légumes féculents (pomme de terre, patate douce, châtaigne, banane, manioc, igname…). Ce sont généralement les céréales qui favorisent la plus grande production de mucus. Viennent ensuite les légumes secs, les graines apparentés non céréalières et enfin les fruits et légumes féculents. Ce classement peut varier d’une personne à l’autre en fonction de sa tolérance personnelle envers les différents féculents.

Je vois d’ici certains d’entre vous, derrière votre écran se dire : « Oh non ! J’ai acheté plein de pâtes et de riz. » Rassurez-vous ! Il ne sera pas nécessaire de tout jeter. Il est toujours possible d’en faire don aux Restos du cœur. Il est aussi possible de les manger. Vous ne devez pas forcément tout bannir. Mais de nombreuses personnes consomment des féculents matin, midi et soir, et parfois en plus en collation. C’est beaucoup trop.

Un repas par jour avec des féculents est amplement suffisant. Si deux repas par jour avec des féculents pourraient être un maximum tolérable en temps normal, il est préférable de se limiter à un seul repas de ce genre lorsqu’on souhaite soulager l’appareil respiratoire. Il est même possible de faire une cure sans graine, où les seuls féculents consommés sont les fruits et légumes féculents. Et pour ceux qui souhaitent s’orienter vers une alimentation encore plus allégée pour le système respiratoire, une période sans féculent est envisageable. L’alimentation comporte ainsi des fruits, des légumes, des graisses et une quantité modérée de protéines. Des cures plus restrictives, telles que la monodiète variée ou encore le remplacement d’un repas par un jus de légumes, peuvent aussi être réalisées.

Conseils complémentaires

La vitamine D3, la vitamine C de préférence liposomale, le sélénium ou encore le magnésium sont très intéressants pour soutenir le système immunitaire.

Dans toute situation épidémique, il est essentiel d’éviter l’encombrement inutile des organes excréteurs. L’alcool, les sodas, les jus de fruits si vous en consommez beaucoup et le tabac ne sont pas vos alliés. Une réduction de leur consommation voire un arrêt, au moins le temps de l’épidémie, est salutaire.

Les personnes ayant du diabète ou de l’hypertension sont plus à risque. C’est peut-être le bon moment pour envisager une réforme alimentaire et un apaisement du stress.

Je ne suis pas un adepte des huiles essentielles en raison de leur très forte concentration car elles sont très puissantes et doivent être maniées avec de grandes précautions. Mais dans des situations de crises, elles peuvent être très utiles.

Voici 4 huiles essentiels aux propriétés antivirales :

  • Tea tree
  • Ravinsara
  • Laurier noble
  • Eucalyptus

Ces huiles peuvent être utilisées avec un diffuseur ou nébuliseur pour avoir un effet sur la sphère broncho-pulmonaire. Si vous choisissez d’avoir recourt aux huiles essentielles, informez-vous correctement avant de les utiliser car il peut y avoir des contre-indications.

Protéger votre cœur avec le régime crétois

C’est l’un des modes alimentaires les plus réputés pour préserver une bonne santé. Si tout le monde a déjà entendu parler du régime crétois, peu de personnes le connaissent vraiment. Ce mode alimentaire traditionnel ne doit pas être réduit seulement à de l’huile d’olive, du poisson, de fruits et légumes, et une consommation régulière et modérée de vin rouge.

La révélation cardiovasculaire

Dans les années 1970, une petite île méditerranéenne, la Crète, commence à faire sérieusement parler d’elle dans le monde scientifique, pour la santé et la longévité exceptionnelles de ses habitants. L’Europe et le monde entier découvrent peu à peu la Crète et, plus précisément le régime crétois. De nombreuses études ont montré les bénéfices de ce mode alimentaire pour la santé. Les effets positifs sont observables sur de nombreuses pathologies. Les résultats les plus spectaculaires pour les scientifiques ont probablement été ceux concernant les maladies cardiovasculaires.

L’effet préventif du régime crétois est exceptionnel. Il est présent avant qu’une maladie apparaisse, mais il est également très significatif lorsqu’une maladie s’est déjà installée.

Entre 1988 et 1998, une étude, qui est ensuite devenue célèbre dans le monde scientifique, l’étude de Lyon, fut réalisée sur le lien entre l’évolution des maladies cardiovasculaires et l’alimentation. Des scientifiques français ont étudié 600 patients qui venaient d’avoir un infarctus du myocarde. Une partie des patients reçut l’alimentation recommandée dans le cas des maladies cardiovasculaires (alimentation pauvre en cholestérol) et l’autre partie suivit le régime crétois adapté aux habitudes alimentaires françaises. Un peu plus de deux ans après le début de l’étude, les résultats furent inespérés. Les personnes avec l’alimentation crétoise ont bénéficié d’une réduction de plus de 70% du nombre de récidives. Mais ce n’est pas tout. L’étude globale a également montré une diminution de la mortalité générale de 70%.

Cette étude française a permis de mettre en avant l’efficacité supérieure du régime crétois sur l’alimentation recommandée dans la prévention des récidives d’accidents cardiovasculaires. Et c’est encore le cas aujourd’hui, puisque les recommandations actuelles sont encore éloignées des préceptes de l’authentique régime crétois.

Une alimentation antioxydante

L’une des grandes forces du régime crétois est de fournir un potentiel élevé en antioxydants. Grâce à cela, l’organisme possède un bouclier protecteur contre les agressions du stress oxydant pour préserver les cellules et le système circulatoire. De plus, l’organisme utilise certains antioxydants pour d’autres fonctions que leurs propriétés antioxydantes. C’est le cas de certains flavonoïdes qui renforcent la résistance du cœur à l’ischémie.

Selon l’indice ORAC, indicateur du potentiel antioxydant des aliments, les scientifiques estiment que l’alimentation devrait fournir une capacité antioxydante quotidienne au minimum de 3 000 à 5 000. Ces valeurs peuvent être atteintes très facilement quand les fruits et les légumes frais constituent la base de l’alimentation comme c’est le cas dans le régime crétois.

Les recommandations nutritionnelles actuelles sont insuffisantes. Une alimentation contenant 5 portions de fruits et légumes par jour, soit 400 grammes, fournit une capacité antioxydante inférieure à 2 000. Et seulement un français sur trois arrive à cette consommation ! Pour dépasser l’indice ORAC de 3000, il convient d’en consommer environ le double, soit près de 800 grammes quotidiennement. Le fait de passer de 5 à 10 fruits et légumes par jour est significatif pour réduire le stress oxydatif grâce à une augmentation de 14% du score antioxydant du sang.

Le régime traditionnel crétois dépasse facilement la valeur de 5 000 grâce aux herbes aromatiques et aux plantes sauvages.

Si vous avez des difficultés pour atteindre une telle quantité de fruits et de légumes, vous pouvez également soutenir votre corps avec un apport complémentaire d’antioxydants. Privilégiez les antioxydants d’origine naturelle.

Place à la frugalité

La nuit, vous dormez pour vous reposer ? Au niveau digestif, notre corps a également besoin de repos. L’alimentation moderne est généralement trop copieuse. Mais surtout, elle est copieuse en permanence, sans moment de répit pour notre corps. C’est contre-nature ! Cela met l’organisme en état de surmenage. Il est même fréquent que des personnes affaiblies ou malades soient incitées à manger bien plus que ce dont elles ont besoin.

Une alimentation frugale et riche en antioxydants possède un effet très positif. Elle accroît l’apport d’antioxydants. Dans le même temps, elle réduit le travail digestif, qui s’en trouve amélioré, et l’exposition aux molécules toxiques directement présentes dans les aliments. Elle réduit ainsi la production de radicaux libres dans le corps entier.

L’allègement alimentaire du régime crétois, nommé jeûne orthodoxe, repose sur une alimentation végétalienne ou presque, sans consommation d’alcool ni graisse manufacturée (huile, beurre, crème) ni plat préparé ou encore sucrerie. Il comporte généralement un repas de moins sur la journée.

Un allègement alimentaire de ce genre fait toujours du bien à l’organisme. Quand il dure plus d’une semaine, comme cela se produit plusieurs fois par an chez les crétois, les bénéfices commencent à devenir très significatifs, procurant un effet rajeunissant au système circulatoire et à de nombreuses fonctions de l’organisme.

La frugalité peut s’établir de manière plus restrictive, en se basant uniquement sur des fruits et des légumes (La monodiète variée par exemple).

Conseils inspirés du régime crétois pour préserver votre système circulatoire :

  • Avoir une alimentation qui repose sur une bonne base de fruits et de légumes ;
  • Utiliser les herbes aromatiques pour agrémenter les plats et renforcer le potentiel antioxydant du corps ;
  • Consommer peu de produits d’origine animale ;
  • Privilégier les aliments à forte densité nutritionnelle
  • Faire des périodes alimentaires frugales.

Dans mon prochain article, je vous présenterai certains antioxydants largement présents dans le régime crétois.

Sources :

Votre santé avec l’authentique régime crétois. Dr Raphaël Perez. 2016, 2ème édition augmentée, 167 pages.

La monodiète variée, une cure de jouvence. Dr Raphaël Perez. 2015, 94 pages.

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De Lorgeril M., Salen P., Martin J.L., et coll. Mediterranean diet, traditional risk factors and the rate of cardiovascular complications after myocardial infarction: final report of the Lyon Diet. Heart Study. Circulation. 1999 ; 99(6) : 779-85.

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Couplan F. Le véritable régime crétois. 2009, Ed. Ellebore. 342 pages.

Dr Raphaël Perez

Le 9/03/2020